C’est quoi la segmentation du marche du travail ?

La segmentation du marché du travail est un concept économique essentiel pour comprendre les dynamiques complexes de l'emploi dans nos sociétés modernes. Ce phénomène décrit la division du marché du travail en plusieurs segments distincts, chacun avec ses propres caractéristiques, règles et conditions. Cette fragmentation a des implications profondes sur les salaires, la mobilité professionnelle et les opportunités d'emploi pour différents groupes de travailleurs. En examinant de plus près la segmentation, nous pouvons mieux saisir les enjeux actuels du monde du travail et les défis auxquels sont confrontés les employeurs, les employés et les décideurs politiques.

Théories économiques de la segmentation du marché du travail

Modèle du dualisme de doeringer et piore

Le modèle du dualisme, développé par les économistes Peter Doeringer et Michael Piore dans les années 1970, est l'une des théories fondatrices de la segmentation du marché du travail. Cette approche révolutionnaire propose une vision binaire du marché, divisé en deux segments principaux : le marché primaire et le marché secondaire.

Le marché primaire se caractérise par des emplois stables, bien rémunérés, offrant de bonnes conditions de travail et des perspectives d'évolution. Ces postes sont généralement occupés par des travailleurs qualifiés et bénéficient d'une forte protection sociale. À l'opposé, le marché secondaire regroupe des emplois précaires, moins bien payés, avec des conditions de travail plus difficiles et peu de possibilités d'avancement. Ce segment concerne souvent les travailleurs moins qualifiés ou issus de groupes sociaux défavorisés.

Cette théorie met en lumière les inégalités structurelles du marché du travail et explique en partie la persistance de certaines formes de précarité professionnelle. Elle souligne également l'importance des institutions et des normes sociales dans la formation et le maintien de ces segments.

Théorie des insiders-outsiders de lindbeck et snower

La théorie des insiders-outsiders, élaborée par Assar Lindbeck et Dennis Snower dans les années 1980, offre une perspective complémentaire sur la segmentation du marché du travail. Cette approche se concentre sur la dynamique de pouvoir entre différents groupes de travailleurs et son impact sur l'emploi et les salaires. Les "insiders" sont les travailleurs déjà en poste, bénéficiant d'une certaine sécurité de l'emploi et d'un pouvoir de négociation significatif. Les "outsiders", quant à eux, sont les chômeurs ou les travailleurs précaires qui cherchent à intégrer ou à améliorer leur position sur le marché du travail. La théorie postule que les insiders ont intérêt à maintenir leur statut privilégié, ce qui peut créer des barrières à l'entrée pour les outsiders. Cette analyse met en évidence les mécanismes qui peuvent perpétuer la segmentation du marché du travail, même en l'absence de différences significatives de compétences entre les groupes. Elle souligne l'importance des coûts de rotation (embauche, formation, licenciement) dans la création et le maintien de ces divisions.

Approche institutionnaliste de la segmentation

L'approche institutionnaliste de la segmentation du marché du travail élargit le cadre d'analyse en intégrant le rôle des institutions sociales, économiques et politiques dans la formation et l'évolution des segments. Cette perspective reconnaît que la segmentation n'est pas simplement le résultat de forces économiques, mais aussi de facteurs sociaux et historiques complexes .

Les institutionnalistes soulignent l'importance des conventions collectives, des politiques publiques, des systèmes éducatifs et des normes culturelles dans la structuration du marché du travail. Par exemple, la présence de syndicats forts dans certains secteurs peut contribuer à créer et à maintenir un segment primaire avec de meilleures conditions de travail.

Cette approche permet une compréhension plus nuancée de la segmentation, en tenant compte des spécificités nationales et sectorielles. Elle met en lumière la façon dont les arrangements institutionnels peuvent soit renforcer, soit atténuer les divisions sur le marché du travail.

Caractéristiques des segments du marché du travail français

Marché primaire : CDI et fonctionnaires

Le marché primaire en France est principalement composé de deux catégories de travailleurs : les salariés en contrat à durée indéterminée (CDI) dans le secteur privé et les fonctionnaires du secteur public. Ce segment se caractérise par une forte stabilité de l'emploi, des salaires généralement plus élevés et de meilleures perspectives de carrière.

Les CDI, qui représentent environ 85% des contrats de travail en France, offrent une protection significative contre le licenciement et des avantages sociaux conséquents. Les fonctionnaires, quant à eux, bénéficient d'une sécurité de l'emploi encore plus grande, avec le statut de la fonction publique qui leur garantit un emploi à vie, sauf faute grave.

Ce segment du marché du travail est caractérisé par :

  • Une forte stabilité de l'emploi
  • Des salaires plus élevés en moyenne
  • Des opportunités de formation continue
  • Une meilleure couverture sociale
  • Des perspectives d'évolution de carrière plus favorables

Cependant, l'accès à ce marché primaire est souvent plus difficile, notamment pour les jeunes diplômés et les travailleurs moins qualifiés, ce qui contribue à la segmentation du marché du travail.

Marché secondaire : CDD et intérim

Le marché secondaire en France est principalement constitué de contrats à durée déterminée (CDD) et d'emplois intérimaires. Ce segment se caractérise par une plus grande précarité, des salaires généralement plus bas et des perspectives de carrière plus limitées.

Les CDD, qui représentent environ 10% des contrats de travail, sont souvent utilisés par les entreprises pour répondre à des besoins temporaires ou saisonniers. L'intérim, quant à lui, offre une flexibilité encore plus grande aux employeurs, mais aussi une plus grande instabilité pour les travailleurs.

Les caractéristiques principales de ce segment sont :

  • Une instabilité de l'emploi avec des contrats de courte durée
  • Des salaires généralement plus bas que dans le marché primaire
  • Un accès limité à la formation continue
  • Une protection sociale moins avantageuse
  • Des difficultés à construire une carrière à long terme

Ce segment du marché du travail touche particulièrement les jeunes, les travailleurs peu qualifiés et certains secteurs d'activité comme l'hôtellerie-restauration ou le bâtiment. La persistance dans ce segment peut créer un cercle vicieux de précarité , rendant difficile le passage vers le marché primaire.

Segment intermédiaire : CDI fragilisés

Entre le marché primaire et le marché secondaire, on observe l'émergence d'un segment intermédiaire composé de CDI dits "fragilisés". Ces emplois, bien que bénéficiant de la stabilité théorique du CDI, sont caractérisés par des conditions moins favorables que celles du marché primaire traditionnel.

Ce segment intermédiaire concerne souvent des emplois dans des secteurs en mutation, confrontés à des restructurations ou à une forte concurrence. Les travailleurs de ce segment peuvent faire face à :

  • Une insécurité relative malgré le statut de CDI
  • Des salaires stagnants ou en baisse
  • Des conditions de travail qui se dégradent
  • Un risque accru de licenciement économique
  • Des opportunités de progression limitées

L'existence de ce segment intermédiaire souligne la complexité croissante de la segmentation du marché du travail en France. Il montre que la simple distinction entre CDI et contrats précaires ne suffit plus à capturer toutes les nuances de la réalité du monde du travail contemporain.

Marché externe : chômeurs et inactifs

Le marché externe, bien que souvent négligé dans les analyses traditionnelles de la segmentation du marché du travail, joue un rôle crucial dans la dynamique globale de l'emploi. Ce segment comprend les chômeurs en recherche active d'emploi et les inactifs en âge de travailler mais qui ne sont pas sur le marché du travail pour diverses raisons.

Les caractéristiques de ce segment sont :

  • Une grande hétérogénéité des profils (jeunes diplômés, chômeurs de longue durée, travailleurs seniors, etc.)
  • Des difficultés d'insertion ou de réinsertion professionnelle
  • Un risque de déqualification pour les chômeurs de longue durée
  • Des problématiques spécifiques liées à la formation et à l'adaptation aux besoins du marché
  • Un impact psychologique et social important lié à l'absence d'emploi

La taille et la composition de ce segment externe influencent directement la dynamique des autres segments du marché du travail. Par exemple, un taux de chômage élevé peut exercer une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail dans les segments primaire et secondaire.

Facteurs de segmentation du marché du travail

Qualification et niveau d'études

La qualification et le niveau d'études sont des facteurs déterminants dans la segmentation du marché du travail. En général, plus le niveau de qualification est élevé, plus les chances d'accéder au marché primaire sont importantes. Ce phénomène s'explique par plusieurs raisons :

Premièrement, les emplois du marché primaire requièrent souvent des compétences spécifiques et un niveau d'expertise que l'on acquiert principalement par une formation supérieure. Les diplômes agissent comme un signal pour les employeurs, leur indiquant le niveau de compétence potentiel d'un candidat.

Deuxièmement, l'investissement dans l'éducation est souvent associé à une plus grande productivité, ce qui justifie, du point de vue des employeurs, de meilleures conditions d'emploi et de rémunération. Les travailleurs hautement qualifiés sont généralement considérés comme plus difficiles à remplacer, ce qui renforce leur position sur le marché du travail.

Cependant, cette logique peut aussi contribuer à perpétuer les inégalités sociales, car l'accès à l'éducation supérieure n'est pas égal pour tous. De plus, dans certains secteurs, on observe un phénomène de surqualification , où des travailleurs hautement qualifiés se retrouvent contraints d'accepter des emplois du marché secondaire, faute d'opportunités correspondant à leur niveau d'études.

Sexe et discrimination genrée

Le sexe reste malheureusement un facteur significatif de segmentation du marché du travail en France, malgré les progrès réalisés en matière d'égalité professionnelle. Les femmes sont encore souvent surreprésentées dans certains segments du marché secondaire et sous-représentées dans les postes les plus élevés du marché primaire.

Cette segmentation genrée se manifeste de plusieurs manières :

  • Écart salarial persistant entre hommes et femmes (environ 15% en moyenne)
  • Surreprésentation des femmes dans les emplois à temps partiel, souvent moins bien rémunérés
  • Concentration des femmes dans certains secteurs d'activité moins valorisés (soin, éducation, services)
  • Sous-représentation des femmes aux postes de direction et dans certains secteurs techniques
  • Impact des interruptions de carrière liées à la maternité sur les trajectoires professionnelles

Ces disparités s'expliquent par une combinaison de facteurs structurels, culturels et organisationnels. Les stéréotypes de genre persistent dans certains milieux professionnels, influençant les choix de carrière et les décisions d'embauche ou de promotion. De plus, la répartition inégale des tâches domestiques et familiales continue d'impacter différemment les carrières des hommes et des femmes.

Âge et expérience professionnelle

L'âge et l'expérience professionnelle jouent un rôle important dans la segmentation du marché du travail français. On observe des dynamiques différentes selon les tranches d'âge :

Les jeunes (moins de 25 ans) sont souvent confrontés à des difficultés d'insertion professionnelle. Ils sont surreprésentés dans les emplois précaires du marché secondaire, avec une forte proportion de CDD et de contrats d'intérim. Cette situation s'explique en partie par le manque d'expérience professionnelle et la réticence de certains employeurs à embaucher des débutants en CDI.

Les travailleurs d'âge moyen (25-50 ans) constituent généralement le cœur du marché primaire. Avec une expérience professionnelle significative, ils bénéficient souvent de meilleures conditions d'emploi et de perspectives de carrière plus favorables.

Les travailleurs seniors (plus de 50 ans) peuvent faire face à des défis spécifiques. Bien que souvent protégés par leur ancienneté dans le marché primaire, ils peuvent être confrontés à des difficultés en cas de perte d'emploi. Les préjugés liés à l'âge peuvent rendre leur réinsertion professionnelle plus compliquée, les poussant parfois vers le marché secondaire ou le chômage de longue durée.

L'expérience professionnelle est généralement valorisée sur le marché du travail, mais son impact peut varier selon les secteurs. Dans certains domaines en rapide évolution, comme les technologies de l'information, l'expérience peut être moins valorisée que des compét

ences récentes dans le domaine concerné.

Origine ethnique et géographique

L'origine ethnique et géographique reste malheureusement un facteur de segmentation important sur le marché du travail français. Les personnes issues de l'immigration, en particulier celles originaires d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne, font face à des difficultés accrues d'insertion professionnelle et sont surreprésentées dans les segments les plus précaires du marché du travail.

Cette segmentation se manifeste de plusieurs manières :

  • Taux de chômage plus élevé pour les personnes issues de l'immigration
  • Surreprésentation dans les emplois peu qualifiés et précaires
  • Difficultés d'accès aux postes à responsabilité
  • Phénomènes de discrimination à l'embauche
  • Concentration dans certains secteurs d'activité (BTP, sécurité, nettoyage)

Les causes de cette segmentation sont multiples et complexes. Elles incluent des facteurs structurels comme les inégalités dans l'accès à l'éducation et à la formation, mais aussi des phénomènes de discrimination directe ou indirecte. Le lieu de résidence peut également jouer un rôle, avec des difficultés accrues pour les personnes vivant dans des quartiers défavorisés ou enclavés.

Cette segmentation ethnique et géographique du marché du travail pose des défis importants en termes d'égalité des chances et de cohésion sociale. Comment garantir un accès équitable à l'emploi pour tous, indépendamment de l'origine ou du lieu de résidence ? C'est une question cruciale à laquelle les politiques publiques tentent de répondre, notamment à travers des dispositifs de lutte contre les discriminations.

Conséquences de la segmentation sur l'économie

Inégalités salariales entre segments

La segmentation du marché du travail engendre des inégalités salariales significatives entre les différents segments. Ces écarts de rémunération ne reflètent pas toujours les différences de productivité ou de compétences, mais plutôt la structure même du marché du travail.

On observe généralement :

  • Des salaires plus élevés dans le marché primaire (CDI, fonctionnaires)
  • Des rémunérations plus faibles et instables dans le marché secondaire (CDD, intérim)
  • Des écarts persistants entre hommes et femmes, même à poste et compétences équivalents
  • Des différences marquées selon le secteur d'activité et la taille de l'entreprise

Ces inégalités salariales ont des conséquences importantes sur l'économie dans son ensemble. Elles peuvent entraîner une baisse de la demande globale, les travailleurs précaires ayant un pouvoir d'achat réduit. De plus, elles peuvent créer des tensions sociales et un sentiment d'injustice, potentiellement néfastes pour la cohésion sociale et la productivité.

La question qui se pose est : comment réduire ces écarts salariaux tout en préservant la flexibilité nécessaire aux entreprises ? C'est un défi majeur pour les politiques économiques et sociales.

Mobilité professionnelle réduite

La segmentation du marché du travail a pour conséquence une réduction significative de la mobilité professionnelle, particulièrement entre les différents segments. Cette barrière à la mobilité peut avoir des effets néfastes tant pour les individus que pour l'économie dans son ensemble.

Les principaux obstacles à la mobilité professionnelle sont :

  • La difficulté de passer du marché secondaire au marché primaire
  • Les écarts de compétences et de qualifications entre segments
  • La peur de perdre des avantages acquis dans le marché primaire
  • Les contraintes géographiques et familiales
  • Les stéréotypes et discriminations qui limitent l'accès à certains emplois

Cette mobilité réduite peut entraîner une allocation sous-optimale des ressources humaines dans l'économie. Des travailleurs talentueux peuvent se retrouver "piégés" dans des emplois qui ne correspondent pas à leur potentiel, tandis que certains secteurs peuvent souffrir d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée.

Pour illustrer ce phénomène, imaginons un travailleur expérimenté du secteur industriel qui perd son emploi suite à une délocalisation. Malgré ses compétences, il pourrait avoir du mal à se reconvertir dans un secteur en croissance comme le numérique, faute de formation adaptée ou de reconnaissance de ses compétences transférables.

Précarisation de certaines catégories de travailleurs

La segmentation du marché du travail contribue à la précarisation de certaines catégories de travailleurs, en particulier ceux qui se retrouvent cantonnés dans le marché secondaire. Cette précarité se manifeste sous diverses formes et a des conséquences importantes sur la vie des individus concernés.

Les principales manifestations de cette précarisation sont :

  • L'instabilité de l'emploi avec des contrats courts et renouvelés
  • Des revenus faibles et irréguliers
  • Un accès limité à la protection sociale et aux droits du travail
  • Des difficultés d'accès au logement et au crédit
  • Un impact négatif sur la santé mentale et physique

Cette précarisation touche particulièrement les jeunes, les femmes, les travailleurs peu qualifiés et les personnes issues de l'immigration. Elle peut créer un cercle vicieux où la précarité de l'emploi entraîne une précarité sociale plus large, rendant encore plus difficile l'accès à des emplois stables.

Du point de vue économique, la précarisation d'une partie importante de la main-d'œuvre peut avoir des effets négatifs à long terme. Elle peut freiner la consommation, réduire l'investissement dans le capital humain et augmenter les coûts sociaux pour la collectivité. Comment briser ce cycle de précarité tout en préservant la flexibilité nécessaire aux entreprises ? C'est l'un des grands défis des politiques de l'emploi actuelles.

Politiques publiques face à la segmentation

Réformes du droit du travail (lois el khomri, ordonnances macron)

Face à la segmentation croissante du marché du travail, les gouvernements successifs ont tenté de mettre en place des réformes visant à flexibiliser le marché tout en sécurisant les parcours professionnels. Deux réformes récentes ont particulièrement marqué le paysage du droit du travail français : la loi El Khomri de 2016 et les ordonnances Macron de 2017.

La loi El Khomri, aussi connue sous le nom de "Loi Travail", avait pour objectifs principaux :

  • Faciliter les licenciements économiques
  • Donner plus de poids aux accords d'entreprise par rapport aux accords de branche
  • Instaurer le compte personnel d'activité (CPA)
  • Réformer le temps de travail

Les ordonnances Macron ont poursuivi et approfondi cette logique de flexibilisation avec des mesures telles que :

  • Le plafonnement des indemnités prud'homales
  • La fusion des instances représentatives du personnel
  • L'assouplissement des règles de licenciement
  • La possibilité de négocier des accords dans les petites entreprises sans délégués syndicaux

Ces réformes visent à réduire la dualité du marché du travail en facilitant les embauches en CDI et en donnant plus de flexibilité aux entreprises. Cependant, elles soulèvent des débats quant à leur impact réel sur la segmentation et sur la protection des travailleurs. Certains craignent qu'elles ne conduisent à une précarisation accrue, tandis que d'autres y voient un moyen de dynamiser le marché de l'emploi.

Dispositifs de formation professionnelle (CPF, CléA)

La formation professionnelle est un levier important pour lutter contre la segmentation du marché du travail. Elle vise à permettre aux travailleurs de s'adapter aux évolutions du marché et à faciliter les transitions professionnelles. Deux dispositifs récents méritent une attention particulière : le Compte Personnel de Formation (CPF) et le certificat CléA.

Le Compte Personnel de Formation (CPF) :

  • Permet à chaque actif d'accumuler des droits à la formation tout au long de sa carrière
  • Est alimenté en euros (et non plus en heures) depuis 2019
  • Peut être utilisé pour financer des formations qualifiantes ou certifiantes
  • Vise à responsabiliser les individus dans la gestion de leur parcours professionnel

Le certificat CléA :

  • Est une certification interprofessionnelle visant à valider un socle de connaissances et de compétences professionnelles
  • S'adresse principalement aux personnes peu qualifiées
  • Couvre 7 domaines de compétences jugés essentiels dans le monde professionnel
  • Vise à faciliter l'accès à l'emploi et la mobilité professionnelle

Ces dispositifs cherchent à réduire les écarts de compétences entre les différents segments du marché du travail et à favoriser la mobilité professionnelle. Cependant, leur efficacité dépend largement de leur appropriation par les travailleurs et les employeurs. Comment s'assurer que ces outils profitent réellement à ceux qui en ont le plus besoin, notamment les travailleurs les moins qualifiés ?

Lutte contre les discriminations à l'embauche

La lutte contre les discriminations à l'embauche est un axe important des politiques publiques visant à réduire la segmentation du marché du travail. En effet, les pratiques discriminatoires contribuent à maintenir certains groupes dans des situations précaires ou à les exclure de certains segments du marché.

Parmi les mesures mises en place, on peut citer :

  • Le renforcement du cadre légal contre les discriminations
  • La promotion du CV anonyme
  • Les campagnes de sensibilisation auprès des employeurs
  • Le développement de la méthode de recrutement par simulation (MRS)
  • La mise en place de "testings" pour évaluer l'ampleur des discriminations

Ces politiques visent à garantir l'égalité des chances dans l'accès à l'emploi, indépendamment de l'origine, du sexe, de l'âge ou du lieu de résidence des candidats. Cependant, malgré ces efforts, les discriminations persistent, souvent de manière subtile ou inconsciente.

L'un des défis majeurs est de faire évoluer les mentalités et les pratiques au sein des entreprises. Comment concilier la lutte contre les discriminations avec la liberté des employeurs dans leurs choix de recrutement ? C'est une question complexe qui nécessite un équilibre délicat entre régulation et sensibilisation.

En conclusion, la segmentation du marché du travail reste un défi majeur pour l'économie française. Les politiques publiques tentent d'y répondre par une combinaison de réformes structurelles, de dispositifs de formation et de lutte contre les discriminations. Cependant, l'efficacité de ces mesures dépend de leur capacité à s'adapter aux réalités changeantes du monde du travail et à impliquer l'ensemble des acteurs concernés : employeurs, travailleurs, syndicats et pouvoirs publics.

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